À la suite de la journée internationale du coming out le 11 octobre, l’Association Contact, qui accompagne les parents de personnes LGBTQI+ a organisé la projection de “Mon enfant est homo”, un documentaire réalisé par Pascal Petit. Présentation de cette association qui réussit à faire communiquer les générations.
Par Léa Taïeb
30 ans plus tard, une association toujours nécessaire
C’est en 1993 que naît Contact, association de parents d’enfants LGBTQI+. Son objet est d’accompagner toute personne de l’entourage familial des personnes lGBTQI+ (père, mère, fratrie) dans l’acceptation de l’orientation affective de leurs proches. L’association s’emploie à prévenir le risque de rejet, de mise en danger de celui ou celle qui sort de la norme cisgenre hétérosexuelle. Aujourd’hui, l’association intervient surtout auprès des proches (famille et ami·es) des personnes LGBTQI+. Elle permet à de nombreux parents de mieux comprendre l’orientation sexuelle et/ou l’identité de genre de leur enfant (et parfois à des enfants, de comprendre celle de leurs parents), de déconstruire certains biais inconscients et LGBTphobies. “Près de 30 ans après sa création, cette association est toujours aussi nécessaire. En 2022, il y a encore des parents qui rejettent leurs enfants en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre. L’association le Refuge qui accueille des personnes abandonnées par leurs familles peut en témoigner”, rappelle tristement Jean-Luc Roméro-Michel, adjoint à la Maire de Paris en charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations.
Rencontrer d’autres parents qui cheminent vers davantage d’acceptation
Contact accompagne les familles au travers de plusieurs actions, à l’instar des groupes d’écoute et de parole “animés par un parent et une personne LGBTQI+ formé·es à l’écoute”, précise Françoise Ruggeri, présidente de l’association Contact Île-de-France. Les parents “déstabilisés et prêts à se remettre en question” peuvent rencontrer d’autres parents qui traversent une situation similaire et qui “cheminent” vers davantage d’acceptation. C’est également l’occasion d’accueillir la parole de personnes homosexuelles, bisexuelles ou trans et d’approcher ce qu’elles ressentent, ainsi que la façon dont elles appréhendent la réaction de leurs parents. Christelle, bénévole écoutante, est également mère d’un garçon trans. “Au début, je ne comprenais rien du tout. Après le premier groupe d’écoute et de parole, j’ai pris conscience que mon fils avait un avenir et que j’avais un avenir à ses côtés”, confie-t-elle.
Dans le documentaire de Pascal Petit, sont présentés des parents “qui ont le courage de dire : j’ai merdé et voilà comment les choses ont évolué”. C’est le cas de Josiane et Jean-Paul, parents d’Antony (porte-parole Île-de-France de Contact) qui ont vécu le coming-out de leur fils comme “une déflagration”, comme “le ciel qui nous tombe sur la tête”. Pour ses parents, il n’était pas question de ne plus voir leur fils, de rompre le lien. Pour autant, ils ne savaient pas comment vivre cet événement, comment apaiser leur douleur. Ils ont eu besoin d’aide et sont allés la chercher auprès de l’association Contact. Après avoir assisté à plusieurs réunions, ils ont compris “que ça arrive et que c’est comme ça”. Depuis l’annonce du coming out d’Antony, ses parents ont avancé sur le sujet, petits pas par petits pas. Aujourd’hui, ils accompagnent le char de Contact à l’occasion de la Pride à Paris. De plus en plus de parents rejoignent l’association pour militer aux côtés de leurs enfants, pour que le regard sur les personnes LGBTQI+ change.
“Venir, c’est déjà faire une partie du chemin”
L’association accompagne les personnes qui souhaitent évoluer, qui se posent des questions et qui réfléchissent. “Venir, c’est déjà faire une bonne partie du chemin”, estime le réalisateur du documentaire. Et de compléter : “Contact ne peut pas forcer les parents qui ne sont pas prêts, qui ne veulent pas accepter ce qu’est leur enfant”.
Dans le documentaire, témoigne Laure (qui a souhaité rester anonyme), une maman dont les trois enfants sont homosexuel·les. Son mari et elle n’arrivent toujours pas à accepter l’orientation sexuelle de leurs enfants. Si Laure a assisté une fois à un groupe de parole et d’écoute, son mari n’a pas souhaité s’y rendre … et , Laure n’est plus jamais revenue..
L’association peut accueillir la parole des parents mais ne peut pas aller les chercher, là est sa seule limite.
Accompagner la visibilité des personnes LGBTQI+
Les groupes de parole et d’écoute s’adressent également aux personnes out et à celles qui hésitent encore. L’occasion de découvrir de quelle façon les proches (familles et ami·es) traversent ce moment charnière, et de prendre de la distance par rapport à leurs réactions. “En assistant aux réunions Contact, j’ai compris que ce n’était pas mon homosexualité qui était à l’origine de cette souffrance, mais leur homophobie”, assure Anthony.
L’association organise également des rendez-vous individuels à destination des personnes qui se posent des questions sur leur orientation sexuelle et/ou identité de genre et qui pensent à faire leur coming-out sans savoir comment s’y prendre. “Il est possible d’aider une personne à se préparer psychologiquement à la potentielle déception de ses parents, à comprendre pourquoi ils pourraient mal réagir”, explique Sylvie Granger, bénévole au sein de Contact.
Les entreprises font aussi partie de l’équation
Il y a six ans, Sylvie Granger apprenait que son fils aîné est homosexuel. “Je ne savais pas tellement comment vivre ce moment et comment faire mon cheminement. Pour essayer de comprendre, je me suis rapprochée du réseau LGBTQI+ de mon entreprise”, se souvient la salariée de BNP Paribas. Et d’ajouter : j’ai commencé à assister à des conférences sur le sujet, à prendre conscience que certain·es de mes collègues avaient des difficultés à être eux-mêmes dans leur vie professionnelle comme personnelle”. Progressivement, Sylvie a eu envie de s’investir dans ce réseau en tant qu’alliée. Après avoir participé à des conférences, elle a pris la parole notamment lors de la semaine de la parentalité. “C’est à ce moment-là que j’ai découvert l’association Contact et ses actions”, explique-t-elle. Et de poursuivre : “j’ai ensuite participé à plusieurs groupes d’écoute et de parole, ça m’a fait du bien de me retrouver dans les témoignages de certains parents”. Depuis ce moment, Sylvie fait partie des bénévoles, elle accompagne l’association dans la mise en place d’actions hors milieu scolaire.
En raison de sa structure associative, Contact ne démarche pas encore les entreprises qui souhaitent réaliser un travail de sensibilisation mais intervient dans les entreprises qui la sollicite.
L’association Contact s’appuie sur la disponibilité de ses bénévoles et sur les dons (défiscalisés) pour exister. Elle est présente à Paris et en région. Adhérez et/ou soutenez-la.