Par Chloé Consigny
C’est en septembre 2020 que Juan Herrera-Ramirez rejoint Visa à Paris. En pleine crise sanitaire, le recrutement se fait par visio. « Dès l’entretien d’embauche, j’ai choisi d’être out en expliquant clairement que j’avais rejoint la France pour suivre mon conjoint ». Une visibilité récente pour celui qui – toute sa carrière durant – a évolué dans l’industrie financière. « Je suis né et j’ai grandi en République dominicaine. Là-bas, l’homosexualité était totalement cachée dans les années 80 et 90. Toutes les personnes qui le peuvent choisissent de quitter des pays comme la République dominicaine pour des contrées plus clémentes ».
C’est ce qu’il fait à l’âge de 24 ans. Aux États-Unis, il trouve refuge dans la ville de New York où il restera quatorze années. D’abord chez Citigroup, puis au sein de JP Morgan. « Il m’a fallu beaucoup de temps pour faire état de mon orientation affective au travail. Pourtant, j’étais entouré de signaux forts qui me montraient qu’être out était totalement Ok ». Parmi les événements marquants, il se souvient de la venue de Judy Shepard, mère de l’étudiant Matthieu Shepard assassiné en raison de son homosexualité, accueillie par le top management de JP Morgan, à l’occasion de la Pride. « J’ai compris que même dans cet environnement inclusif, l’acceptation par les autres commençait avec mon acceptation intérieure. Je suis aujourd’hui convaincu que l’école, le club de sport ou encore l’entreprise ont un rôle à jouer. Le coming out est une décision personnelle qui nécessite la projection de soi au sein de ces institutions ». Cinq années après son entrée chez JP Morgan, il décide de vivre out. « C’était comme si auparavant je courais un marathon avec un sac à dos rempli de pierres. J’étais libre et je pouvais respirer. De façon indirecte, être out m’a permis de progresser dans mon travail ».
Kitty Space et Vespi ambassadrices
Nommé Directeur marketing pour la France, la Belgique et le Luxembourg, il participe chez Visa au lancement de la campagne « Imposer sa griffe, payer avec son doigt » sur laquelle on peut voir deux drag queens payer leurs manucures avec un smartphone. Bien avant Drag Race 2, Visa choisit pour ambassadrices Kitty Space et Vespi. Un choix qui dénote dans un monde publicitaire bancaire principalement peuplé de créatures hétérosexuelles et cis. « Il y a tout de même eu une discussion en interne pour savoir si cette campagne ne pouvait pas être à l’origine d’un bad buzz. Nous avons réalisé une étude externe avec les consommateurs français et nous avons décidé que c’était le bon moment ». À l’interne, le spécialiste américain des paiements s’assure que chaque recrue soit au fait des engagements diversité et inclusion du groupe. Chaque nouveau talent doit valider un module de formation en ligne dans les trente jours qui précèdent son arrivée dans l’entreprise. Faute de quoi, son accès à ses emails est bloqué. Une mise à jour des connaissances est réalisée annuellement.
Dans ses fonctions de directeur marketing, Juan a également pour mission de faire rayonner Visa au travers de sponsorings. Le prochain grand événement pour la marque se tiendra cet été à Paris. Partenaire des Jeux olympiques depuis 1988 et des jeux paralympiques depuis 2002, Visa entend faire des Jeux de Paris un moment d’inclusion, au travers de la promesse #PasSansVous. « Les JO peuvent servir d’élément déclencheur pour transformer une ville. En tant que sponsor, nous soutenons des actions qui ont vocation à s’inscrire dans la durée. Nous sommes particulièrement engagés dans le département de la Seine-Saint-Denis avec des actions à destination des commerçants, mais également des jeunes. Nous soutenons, par exemple, la pratique du sport par les filles qui sont nombreuses à cesser toutes activités sportives après l’adolescence ».