À l’occasion de la sortie de son premier album Pleurer de joie, têtu·connect a rencontré Louis Albi pour évoquer son engagement pour la cause LGBTQI+ avec, entre autres, des prises de parole au sein d’entreprises.
Par Marie Roy
Être 100% soi et s’assumer pleinement, tel est le message que Louis Albi, artiste de 21 ans et révélé par la dernière édition de la Star Academy, porte aujourd’hui auprès de son public. Mais pas que. Homosexuel engagé pour les droits de la communauté LGBTQI+, l’artiste est également intervenu auprès d’entreprises comme Publicis, Calvin Klein ou Tommy Hilfiger. « J’ai raconté les difficultés que j’ai connu dans mon parcours. J’ai aussi évoqué le manque de représentativité qu’il y a dans les sociétés et les jugements qui y sont parfois faits », relate le jeune homme.
Pour lui, témoigner dans des structures professionnelles a tout son sens : « L’entreprise, c’est le lieu de travail et c’est donc l’espace où on passe peut-être le plus de temps dans la journée. Mais ça peut aussi être l’endroit de beaucoup de discriminations : s’il n’y pas une bonne cohésion, s’il y a, ne serait-ce que quelques personnes qui ont une mentalité un peu arriérée, ça peut vraiment être un facteur d’énormes souffrances. »
Et pourtant, si Louis Albi porte aujourd’hui de telles valeurs, le chemin pour en arriver là n’a pas été un parcours de santé, bien loin de là.
Mise à l’écart et harcèlement scolaire
Depuis tout petit, le vingtenaire à la fibre artistique. À 5 ans, le jeune garçon habite le petit village de Boudy-de-Beauregard, dans le Lot-et-Garonne. Il demande à ses parents de faire de la danse. Et si sa mère et son père n’y voient pas d’inconvénient, ce n’est pas le cas de ses camarades de classe et de leurs parents : « On disait que j’étais une fille, que je n’étais pas un vrai garçon. Les parents étaient choqués et les enfants m’ont beaucoup mis à l’écart. » C’est le début de la spirale infernale pour Louis qui connaît ensuite les insultes et les moqueries au collège. Au lycée, le harcèlement monte d’un cran mais le jeune homme se montre discret sur ce chapitre de sa vie et mentionne simplement d’une voix pleine de retenue teintée d’accents douloureux : « C’est allé un peu loin. Psychologiquement, ça a été la période la plus dure de ma vie. On va dire que je me suis senti complètement dépassé. »
Comment, à un âge où l’on se construit, se relève-t-on d’un tel parcours pour devenir ce chanteur prônant l’affirmation de soi jusque dans les entreprises ? Une bonne partie de la réponse semble prendre les traits de la mère de Louis Albi. « Ma maman nous a toujours dit à moi et mon frère de ne pas nous mettre de barrière, que rien n’est impossible si on a la volonté et si on travaille pour y arriver. C’est tout une mentalité et une éducation d’ouverture que j’ai reçu », résume le finaliste de la Star Academy. Car au sein de sa famille, son homosexualité n’a jamais vraiment été un sujet. À 19 ans, il l’évoque rapidement avec sa mère : « Je lui ai expliqué que j’avais décidé de ne pas faire de coming-out, puisque les hétéros n’annoncent pas à leur famille qu’ils sont hétéros, je ne voyais pas pourquoi j’aurai dû le faire avec mon homosexualité ». Ce que sa mère approuve. « Durant toutes ces années, elle m’a appris que j’avais le droit d’être tel que j’étais et que mes différences pouvaient aussi être mes forces. »
Louis sort de sa chrysalide
Après le lycée, Louis s’inscrit en fac de psychologie. Mais son vieux rêve de vouloir devenir artiste ne le quitte pas. Un objectif qu’il pense inaccessible jusqu’à ce qu’il tombe sur l’annonce du casting de la dixième saison de la Star Academy. « Je me suis dit, tu fonces, et je ne me suis pas laissé d’autre choix que d’être pris. ». La stratégie fonctionne et le déclic se produit : « Au bout de la première semaine, je me suis dit que si j’étais là, ce n’était pas pour rien, qu’il fallait que je leur montre de quoi j’étais capable. » Et c’est donc sous l’œil des caméras que Louis Albiget est définitivement sorti de sa chrysalide et finit même pas atteindre la finale du télé-crochet. « C’est cette émission qui m’a aidé à m’accepter et m’a montré que j’avais besoin d’être honnête avec les gens et avec moi-même. » En dépit des nombreux commentaires haineux que Louis Albiget reçoit régulièrement sur les réseaux sociaux depuis.
Malgré tout, Louis affirme d’un ton convaincu : « À partir du moment où on ne s’excuse plus de ses différences, c’est là qu’on arrive à sortir son épingle du jeu ». Il poursuit, en ajoutant : « Et c’est ça le message que je porte, y compris dans les milieux professionnels, parce que tant qu’on s’excuse d’être soi, on ne peut pas réussir à bien faire son travail et à être bien en entreprise avec les autres. »
Homosexualité et le milieu musical
Dans le milieu de la musique, le Lot-et-Garonnais dit n’avoir jamais eu à affronter de discriminations. Même s’il reconnaît que sa sexualité a finalement était un sujet : « C’est une discussion qu’il y a obligatoirement lors d’un contrat, est-ce que je veux rendre mon orientation affective publique ? Au risque de se couper d’une partie du public qui n’écoutera pas mes chansons parce que je suis homosexuel ?» Mais Louis, fidèle à lui-même et au fait qu’il a été élevé dans un état d’esprit lui intimant de rester tel qu’il est décide de ne pas dissimuler son homosexualité. « Je pense qu’il y a énormément d’artistes qui restent dans le silence pour sauvegarder l’image la plus lisse possible et pouvoir passer plus facilement dans le cœur des gens, sur les radios et les playlists. »
Aujourd’hui, Louis Albiget entend continuer à faire passer son message en donnant de la voix à travers ses chansons : « C’est une main tendue, j’essaie de parler de tout ce à quoi j’ai dû faire face, de ce qu’il faut de force intérieure et de détermination pour y faire face. Et surtout, de dire qu’on ne peut pas avancer seul, mais ensemble.»